La photo d’Abou Ghraib disséquée

Le monologue La femme qui tenait un homme en laisse est à l’affiche du Théâtre de l’Echandole ce soir et demain. Un spectacle indispensable.
Faire endosser au spectateur la robe d’un magistrat. D’un homme à qui il incombe de juger Lynndie England: cette jeune femme devenue monstre le jour où le monde la découvrait à la une des tabloïds, tenant en laisse un prisonnier irakien, nu, dans les couloirs d’Abou Ghraib.

Contraindre le public, par le biais d’une fiction, à prendre de la distance sur un cliché devenu tristement légendaire. Cet instantané qui, de fait, est un peu une fiction lui aussi. Puisque muet sur ce qui a conduit cette soldate à commettre l’impensable.
Confronter à son tour, près d’une heure et quart durant, l’audience au vice. En muant le spectateur en «voyeur» des confessions d’une femme que nous avons tous jugée sur la foi d’images télévisées. Le tout sans ja-mais tenter d’excuser ou prétendre expliquer l’inexplicable.

Une comédienne magistrale de justesse
Voilà le pari fou du monologue La femme qui tenait un homme en laisse, création de la Cie fantôme, à l’affiche de l’Echandole, ce soir et demain.
Une fiction brillamment écrite par Yves Robert, sobrement mise en scène par Julien Barroche et, surtout, magistralement interprétée par Christine Chalard-Mülhemann. Une comédienne capable de décliner une multitude d’émotions avec une justesse aussi rare qu’infaillible. Un pari largement relevé tant l’on ressort de cette pièce ébranlé.